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Henri Bisson
4 avril 2008

Bisson et Riopelle


Jusqu'à sa 6ème année, Riopelle fréquente une classe privée qu'une dame du quartier a aménagé dans son salon. Mais, en 1936, il quitte ce petit monde privilégié pour St-Louis-de-Gonzague, un établissement publique construit tout près de chez lui. Il aura bientôt 13 ans. Son entrée à l'école publique marque le premier tournant dans sa vie. À St-Louis-de-Gonzague, il fait en effet la connaissance d'un petit professeur à moustache, à l'allure vaguement chapelinesque, vif d'esprit et inventif, qui est adoré des élèves.

Henri Bisson sait tout faire : depuis les plâtres qu'il coule lui-même dans son salon jusqu'aux lampadaires en fer forgé qu'on trouvera dans quelques années sur le perron de l’église Saint Stanislas-de-Kosta sur le boulevard St-Joseph, en passant par la photographie dont il a enrichi la pratique en construisant son propre appareil à soufflet.

Outre qu'il enseigne les matières obligatoires comme le français et les mathématiques, Bisson donne des cours de dessin à St-Louis-de-Gonzague. Aux plus doués, ce peintre du dimanche, diplômé de l'École des Beaux-Arts de Montréal et 'patenteux' à ses heures, offre la posibilité de suivre des leçons particulières. C'est ainsi que Riopelle s'initie à la 'belle peinture à l'huile', chez M. Bisson qui, à 35 ans, est marié et père de 5 enfants.

L'artiste le reçoit parmi ses nus aux formes parfaites qu'il exécute dans le style art déco en vogue à cette époque. Sculpteur avant tout, Bisson privilégie le plâtre, d'autant plus qu'il n'a pas les moyens de s'offrir le bronze. Cela ne l'empêche pas de peindre énormément, dans un style très académique, des natures mortes ou des scènes de genre, qu'il expose ensuite fièrement dans les salons de la ville.

Maître et élève se voient tous les Week-Ends. Vêtus de leurs blouses blanches de laborentins qui leur donnent une allure d'hommes de sciences, tous deux s'installent derrière leur chevalet, palette et pinceau au poing.
Bisson aime travailler d'après modèle. Il lui arrive de faire poser des jeunes femmes chez lui, parfois dans le plus simple appareil, ce qui lui a atiré la réprobation des autorités religieuses. La plupart du temps, il se contente d'une nature morte dont il dispose les éléments devant eux dans une sorte de représentation symbolique. Très souvent, il invite son compagnon à le suivre dans la campagne environnante pour une scéance en pleine nature. L'essentiel étant toujours de reproduire le plus fidèlement possible ce qu'ils voient.
Sa vocation d'artiste n'ayant jamais empêché ce Beauceron de demeurer homme des bois, Bisson retourne chaque automne dans son coin de pays pour une partie de chasse. De ces expéditions qu'il effectue dans les chemins de la drave, il revient presque toujours les besaces pleines. Chevreuils, perdrix, sarcelles, lièvres s'entassent dans sa Nash Lafayette avant d'aboutir sur la table de sa cuisine où ils font parfois l'objet d'une esquisse avant de finir dans l'assiette. Car l'artiste est aussi un excellent cuisinier.

Pour Riopelle dont la jeune imagination absorbe ces images comme un buvard, Bisson représente autant la peinture que la chasse, deux activités qui demeurent intrinsèquement liées dans son esprit.

À l'instar de son maître, Riopelle passera un jour du pinceau à la gouge, puis de la gouge au fusil. Cette polyvalence de patenteux le suivra durant toute la seconde moitié de sa carrière. Comme si Bisson, qu'il oubliera pour mieux s'en souvenir ensuite, avait déclenché chez lui un processus irréversible, une sorte d'illumination fondamentale.

Hélène De Billy

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Commentaires
S
Chere Helene,<br /> <br /> Un grand Bravo pour ce blog. Je suis le fils Serge de Henri Bisson. Nous sommes tous tres fiers de notre pere et de ses oeuvres. Nous avons toute une banque d informations et de photos qui pourraient etre incorporees sur ce blog.<br /> <br /> Henri etait aussi un pere fatastique avec un grand coeur, que nous avons tres aime.<br /> <br /> Serge Bisson
Henri Bisson
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